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elles sont admises, on peut prévoir que les séances seront gaies… ah ! vraiment gaies !… Elles traiteront les questions de littérature comme elles traitent à leur maison leurs maris ou leurs amants, comme elles traitent l’infortuné abonné du téléphone et le passant qui vient, aux guichets des postes, demander un renseignement ou simplement un timbre. Et ce sera délicieux !

Où s’arrêtera la rage émancipatrice de la femme ? On ne saurait le dire. Mais il faut s’attendre aux plus étonnants événements… L’autre jour, j’ai rencontré une femme qui revendique plus encore. Elle exige absolument qu’on lui donne le sexe de l’homme. Elle fonde des groupes, des associations, toute sorte de comités pour propager et obtenir même par la force — cette revendication essentielle et contre nature.

— Et je ne cesserai l’agitation, m’a-t-elle dit avec une violente énergie, que le jour où les femmes pourront, enfin, porter non seulement les culottes viriles, mais ce qu’il y a dedans.

Vous connaissez sans doute cette exquise histoire d’une dame qui ne se montrait jamais en public qu’avec des habits d’homme… Un soir qu’elle se trouvait, ainsi vêtue, dans un salon et que, mains dans ses poches, cigarette aux lèvres, elle pérorait scandaleusement, un monsieur l’aborda et, lui tapant en camarade sur l’épaule, il lui dit :