Page:Mirbeau - Les Écrivains (deuxième série).djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une femme charmante et un bon écrivain, à moins que ce ne soit dans la personne de Mme Henry Gréville, ou dans celles de Mme Camille Pert et de Mme Jane de la Vaudère, qui sont aussi — cela va sans dire — de charmantes femmes et de bons écrivains. La lutte sera chaude, paraît-il, car chacune de ces dames se présente au cirque électoral avec un nombre respectable de partisans. Mais peu importe de savoir qui sera l’élue ; l’important en cette affaire est de savoir qu’il y aura une élue.

Il n’y a que la première femme qui coûte. Une fois le principe établi, toutes les dames qui écrivent ne tarderont pas à entrer dans ce comité, et les hommes, enfin vaincus, n’auront plus qu’à se retirer à la maison, où désormais ils surveilleront, ménagères, le pot-au-feu et donneront, nourrices sèches, le biberon aux enfants. Résultat d’ailleurs admirable car l’enfant, arraché à l’éducation exclusive de la femme, à tous les préjugés sentimentaux, à toutes les superstitions catholiques de la femme, pourra, peut-être, devenir un homme… Oui, mais est-ce qu’il y aura encore des enfants ? Tel est le problème. Et où les femmes, occupées à tant de choses et siégeant dans tant de comités, prendront-elles le temps d’en faire ? Et si elles apportent à ce comité la même nervosité, les mêmes caprices, le même esprit de taquinerie dont elles illustrent les ménages qu’elles dominent et les diverses fonctions publiques où