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Il est inutile de chercher à qualifier ce poème. Il échappe à toute assimilation, à toute classification. Il frappe, il plaît, il épouvante et il charme. C’est toute réalité et tout idéal, un pamphlet et une leçon, une utopie et un microcosme. Mais, avant tout, Fécondité défie l’émotion et l’admiration, émotion pour le grand citoyen, admiration pour l’œuvre immense…

Et en lisant Fécondité, à chacune de ces pages ardentes, passionnées, j’éprouvais aussi, comme un attendrissement indicible, pour cette sorte de thaumaturge qu’est Zola, qui détruit pour mieux reconstruire, et qui, plus grand, plus sincère, plus optimiste que jamais, à travers les injures et l’incompréhension, d’impasse en calvaire, d’arènes où rugissent les fauves en ruelles où s’aiguisent les couteaux, d’exil en prétoire, parcourt, pour la gloire du monde, sa carrière d’homme et de dieu.

L’Aurore, 29 novembre 1899.