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chesse venant, coulant de ces deux sources premières, la femme féconde et la terre vierge, en communion d’amour…

Et pendant que Mathieu va de conquête en créations, pendant que la vie germe, pullule de sa volonté et de son amour, autour de lui, près de lui et loin de lui, l’existence fausse et traditionnelle mauvaisement, l’existence telle que l’ont faite des égoïsmes destructeurs, les préjugés, les habitudes sociales, la pauvreté du cœur, poursuit ses ravages et multiplie ses drames terribles. Et c’est la déchéance définitive, le craquement, l’émiettement des fortunes, c’est l’imbécillité finale, la folie, le crime, la mise hors la vie, enfin, de tous ceux-là qui, par calcul égoïste, ou par système, ou par mollesse, n’ont pas voulu accepter les lois de la vie. Tous, ils tombent dans les pires malheurs, ou bien ils meurent de leur stérilité somptueuse, de leur luxe impuissant, de leurs passions infécondes et meurtrières.

Ce qui crie, ce qui proclame la beauté inaccoutumée de cette œuvre nouvelle, même dans l’œuvre de Zola, ce qui fait de ce livre un livre différent, non seulement des autres livres, mais du livre en soi, ce n’est pas l’affabulation dramatique, contre laquelle, d’ailleurs, nous pourrions émettre quelques objections ; c’est, à la fois, un sentiment nouveau et une vieille idée, une prescience du futur, une intelligence de ce qui doit être, par conséquent, une prophétie et un ordre… C’est surtout ce long, ce puissant,