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III


Rodenbach fut un homme très tendre qui ne vécut que pour sa famille. Ce fut aussi un homme très fier qui ne vécut que pour son art. Avant l’argent, avant la gloire, il n’ambitionnait que de se satisfaire. Je n’ai pas connu quelqu’un qui fût plus jaloux de la perfection que lui. Je n’ai pas connu, non plus, un plus charmant et plus délicat ami. Il était le lien entre des amitiés soigneusement choisies qu’il aimait à réunir autour de lui. Nous jouissions de sa conversation comme de ses poèmes. Il y avait en lui une source sans cesse jaillissante d’inspiration. Comme l’adorable Mallarmé, il était de ceux qui donnent à la vie et à l’amitié un prix inestimable.

Aux heures de tristesse et de découragement, nous étions assurés de trouver en Rodenbach, comme en Mallarmé, un réconfort et une joie.