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Dans le journalisme où la place vous est si parcimonieusement mesurée, et où le mode de périodicité vous entraîne à des éliminations successives et involontaires, on ne peut exprimer la totalité de ses idées, de ses goûts ou de ses dégoûts, et, dans la durée d’un article à l’autre, vos meilleures intentions se sont évaporées.

Il y avait, dans ce premier livre de M. Ernest La Jeunesse, les Nuits et les ennuis, un accent de lyrisme et d’ironie spadassine, d’aucuns disent héroïque, qui le distinguait vraiment des autres livres et qui me plut fort. Mais il n’y avait pas que cela. Pas respectueux, certes, pas même toujours juste, du moins quant à quelques-unes de nos amitiés littéraires, qui ne sont peut-être, après tout, que des habitudes, il n’était pas insultant, non plus, et, quoi qu’on en ait dit, nullement pasticheur, puisque l’écrivain nous arrivait avec un style bien à lui, qui, tout au long du volume, gardait une unité verbale, l’originale saveur de sa verve, et que sous les figures différentes et les âmes diverses qu’il faisait évoluer et parler devant nous, c’était surtout lui-même qui se racontait. Œuvre de critique malicieuse et dénigrante ? Non, pas tout à fait. Confession ? Oui. Et c’est par là qu’il valait et que nous l’avons aimé.

Confession aussi, l’Imitation de Notre Maître Napoléon, confession d’une âme confuse encore, et vibrante, et violente, et qui se cherche parmi les révoltes, et qui se trouble parmi les lyrismes,