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leusement suivi ce conseil. Il aura, quelque part, je ne sais où, couvert de boues épaisses et d’injures variées Hugo, Balzac et Corot. Alors, M. Mirbeau se sera dit : « Voilà mon homme, voilà mon grand homme ! » Et il aura donné la gloire à M. Ernest La Jeunesse. Vous le voyez, c’est à la portée de quiconque… et c’est le secret de Polichinelle, et c’est l’enfance de la psychologie ; et il faut bien que les choses soient telles, autrement, comment aurait-il pu arriver que tout le monde parlât du premier livre de M. Ernest La Jeunesse, alors que personne — remarquez cette anomalie — n’a jamais parlé des miens qui sont innombrables, et de tout le monde, même de Balzac.

Cela ne m’indigne pas ; cela m’amuse, au contraire. J’entends bien que Hugo, Balzac et Corot ne viennent là que par catachrèse, et que, dans la pensée du véridique et consciencieux M. Georges Duval, ils usurpent froidement la place de M. Jean Rameau, peut-être, et, peut-être aussi, celle de M. Georges Duval, de tous les messieurs Georges Duval de la poésie, du roman et de la peinture. Mais cela ne fait rien. Cela fait bien dans les paysages que M. Georges Duval brosse d’une brosse si allègre. Hugo, Balzac et Corot, il importe peu, vraiment, qu’ils aient toujours été l’objet de ma vénération et de mon culte, de jour en jour plus fervent. Ce qui importe, c’est que, à la faveur de ces tropes si honnêtement choisis, il soit bien avéré que