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donc point de je ne sais quel mouvement ouvrier, qui n’existe pas, qui n’existe que dans les imaginations perverties, je vous assure. Le socialisme, non plus, n’existe pas… C’est un épouvantail à moineaux et, Dieu merci, nous ne sommes pas des moineaux !… D’ailleurs, on ne peut rien changer à ce qui est… Dans une société bien construite, il faut des riches et des pauvres… qu’est-ce que deviendraient les riches, s’il n’y avait pas les pauvres ? Et les pauvres qu’est-ce qu’ils feraient s’il n’y avait pas de riches ?… Mais c’est évident, c’est évident !…

M. le duc de Doudeauville dit aussi :

— Je ne crois pas au mouvement ouvrier. Je ne crois pas au socialisme… Je ne crois qu’aux francs-maçons… Les francs-maçons, monsieur, voilà le mal contemporain ?… Et où nous mènent-ils ces gens-là !… Ah ! je voudrais bien le savoir… Quant à votre prétendu mouvement ouvrier, à votre prétendu socialisme… à votre prétendu ceci ou cela… laissez-moi vous dire que ce sont des crises momentanées, inconsistantes et qui passent !… Il n’y a pas lieu de s’en occuper… Les ouvriers sont de braves gens, et ils ont un grand bon sens… Ils savent que, dans une société bien construite, il faut des riches et des pauvres… C’est évident… Et l’on aura beau retourner la question sous toutes ses faces, l’on est bien obligé d’en revenir toujours là : il faut des riches et des pauvres !… Et tenez, ce que je ne puis croire, c’est qu’il y ait des