plus… Je dis qu’elle est… oui, qu’elle est nécessaire. (Le premier passant sourit.) Mais vous n’avez donc jamais regardé votre siècle, mon cher… Voyons, regardez-le une fois pour toutes, votre siècle… Et vous reconnaîtrez avec moi qu’il lui faut la guerre, qu’il lui faut un bain de sang.
Comme vous y allez !…
Oui, mon cher, un bain de sang… Il est malade le siècle, il est très malade ; il n’y a que le sang, le bain de sang qui puisse le régénérer… Si nous n’avons pas ce bain de sang… excusez la familiarité de cette expression… nous sommes foutus, foutus, foutus !… Cela saute aux yeux.
Vous croyez ?
Comment, si je crois ?… Mais c’est de la physiologie sociale, mon cher ami… Voyons, suivez-moi bien… tous les grands démographes vous le diront comme moi… Quand un enfant est malade, chétif, anémique, à moitié pourri, enfin, on le mène aux abattoirs, on lui donne des bains de sang… Eh bien, notre siècle est un enfant malade… ça, vous ne pouvez pas le nier… il est chétif, il est anémique, il est pourri… Il lui faut du sang, beaucoup de sang… du sang jusque-là…
Vous me faites frémir…