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III

18 septembre.

Ce matin, dimanche, je suis allée à la messe.

J’ai déjà déclaré que, sans être dévote, j’avais tout de même de la religion… On aura beau dire et beau faire, la religion c’est toujours la religion. Les riches peuvent peut-être s’en passer, mais elle est nécessaire aux gens comme nous… Je sais bien qu’il y a des particuliers qui s’en servent d’une drôle de façon, que beaucoup de curés et de bonnes sœurs ne lui font pas honneur… Il n’importe. Quand on est malheureuse — et, dans le métier, on l’est beaucoup plus qu’à son tour — il n’y a encore que ça pour endormir vos peines… que ça… et l’amour… Oui, mais l’amour, c’est un autre genre de consolation… Aussi, même dans les maisons impies, je ne manquais jamais la messe. D’abord, la messe, c’est une sortie, une distraction, du temps gagné sur les ennuis quotidiens de la baraque… C’est surtout des cama-