Page:Mirbeau - Le Journal d’une femme de chambre.djvu/491

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, toi…… Je te demande ce que tu vas faire…

— Rien… je n’ai rien à faire… Je vais continuer… Mais, tu es folle, ma fille… Tu ne voudrais pas !…

J’éclatai :

— Tu vas avoir le courage de rester dans une maison d’où l’on me chasse ?

Il se leva, ralluma sa cigarette éteinte, et, glacial :

— Oh ! pas de scènes, n’est-ce pas ?… Je ne suis point ton mari… Il t’a plu de commettre une bêtise… Je n’en suis pas responsable… Qu’est-ce que tu veux ?… Il faut en supporter les conséquences… La vie est la vie…

Je m’indignai :

— Alors, tu me lâches ?… Tu es un misérable, une canaille, comme les autres, sais-tu ? Le sais-tu ?

William sourit… C’était vraiment un homme supérieur…

— Ne dis donc pas de choses inutiles… Quand nous nous sommes mis ensemble, je ne t’ai rien promis… Tu ne m’as rien promis non plus… On se rencontre… on se colle, c’est bien… On se quitte… on se décolle… c’est bien aussi. La vie est la vie…

Et, sentencieux, il ajouta :

— Vois-tu, dans la vie, Célestine, il faut de la conduite… il faut ce que j’appelle de l’administration. Toi, tu n’as pas de conduite… tu n’as