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plus les scènes éclataient violentes… Après quoi, ayant vomi tout ce que leur cœur contenait d’amertumes et de colères longtemps amassées, ils se boudaient des semaines entières… Monsieur se retirait dans son cabinet où il faisait des patiences et remaniait l’harmonie de sa collection de pipes. Madame ne quittait plus sa chambre où, sur une chaise longue, longuement étendue, elle lisait des romans d’amour… et s’interrompait de lire, pour ranger ses armoires, sa garde-robe, avec rage, avec frénésie : tel un pillage… Ils ne se retrouvaient qu’aux repas… Dans les premiers temps, je crus, n’étant point au courant de leurs manies, qu’ils allaient se jeter à la tête assiettes, couteaux et bouteilles… Nullement, hélas !… C’est dans ces moments-là qu’ils étaient le mieux élevés, et que Madame s’ingéniait à paraître une femme du monde. Ils causaient de leurs petites affaires, comme si rien ne se fût passé, avec un peu plus de cérémonie que de coutume, un peu plus de politesse froide et guindée, voilà tout… On eût dit qu’ils dînaient en ville… Puis, les repas terminés, l’air grave, l’œil triste, très dignes, ils remontaient chacun chez soi… Madame se remettait à ses romans, à ses tiroirs… Monsieur à ses patiences et à ses pipes… Quelquefois, Monsieur allait passer une heure ou deux à son club, mais rarement… Et ils s’adressaient une correspondance acharnée, des poulets en forme de cœur ou de cocotte, que j’étais chargée