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tapette… ce chérubin ?… Répétez-voir un peu ?… Et quand même… si ça lui fait plaisir à cet enfant… Il est assez joli pour ça… il est assez joli pour tout… vous savez ?

— Bien sûr, une tapette… répliqua le cocher, dans un rire gras… allez-donc demander ça au comte Hurot, là, à deux pas, dans la rue Marb…

Il n’eut pas le temps d’achever… Un soufflet retentissant lui coupa la parole…

À ce moment, le petit apparut derrière la porte… Eugénie courut à lui…

— Ah ! mon chéri… mon amour… viens vite… ne reste pas avec ces voyous-là…

Je crois tout de même que le gros cocher avait raison.


William me parlait souvent d’Edgar, le célèbre piqueur du baron de Borgsheim. Il était fier de le connaître, l’admirait presque autant que Cassagnac… Edgar et Cassagnac, tels étaient les deux grands enthousiasmes de sa vie… Je crois qu’il eût été dangereux d’en plaisanter et même d’en discuter avec lui… Quand il rentrait, la nuit, tard, William s’excusait en me disant : « J’étais avec Edgar. » Il semblait que d’être avec Edgar, cela vous constituât non seulement une excuse, mais une gloire.

— Pourquoi ne l’amènes-tu pas dîner, que je le voie, ton fameux Edgar ?… demandai-je un jour.