odeurs de vieille graisse, de sauces rances, de persistantes fritures. Pendant que nous mangeons, une marmite où bout la soupe des chiens exhale une vapeur fétide qui vous prend à la gorge et vous fait tousser… C’est à vomir !… On respecte davantage les prisonniers dans les prisons et les chiens dans les chenils…
On nous a servi du lard aux choux, et du fromage puant… ; pour boisson, du cidre aigre… Rien d’autre. Des assiettes de terre, dont l’émail est fendu et qui sentent le graillon, des fourchettes en fer-blanc complètent ce joli service.
Étant trop nouvelle dans la maison, je n’ai pas voulu me plaindre. Mais je n’ai pas voulu manger, non plus. Pour m’abîmer l’estomac davantage, merci !
— Pourquoi ne mangez-vous pas ? m’a dit la cuisinière.
— Je n’ai pas faim.
J’ai articulé cela d’un ton très digne… Alors, Marianne a grogné :
— Il faudrait peut-être des truffes à Mademoiselle ?
Sans me fâcher, mais pincée et hautaine, j’ai répliqué :
— Mais, vous savez, j’en ai mangé des truffes… Tout le monde ne pourrait pas en dire autant ici…
Cela l’a fait taire.
Pendant ce temps, le jardinier-cocher s’emplis-