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fonnage, de cold-cream, de poudre de riz, et les confidences secrètes, et les recommandations intimes, gênantes au point que les premiers jours je m’étais demandé, et que je me demande encore, si Madame n’était point pour femme ?… Finie cette camaraderie louche que je sentais bien, au fond, n’être point de la bonté, et par où s’en était allé mon respect pour cette maîtresse qui me haussait jusqu’à son vice… Je la rabrouai d’importance, forte de toutes les infamies apparentes ou voilées de cette maison. Nous en arrivâmes à nous quereller, ainsi que des harangères, nous jetant nos huit jours à la tête comme de vieux torchons sales…

— Pour quoi prenez-vous donc ma maison ? criait-elle… Êtes-vous donc chez une fille, ici ?…

Non, mais ce toupet !… Je répondais :

— Ah ! elle est propre, votre maison… vous pouvez vous en vanter… Et vous ?… parlons-en… ah ! parlons-en !… vous êtes propre aussi… Et Monsieur donc ?… Oh ! là là !… Avec ça qu’on ne vous connaît pas dans le quartier… et dans Paris… Mais ça n’est qu’un cri, partout… Votre maison ?… Un bordel… Et, encore, il y a des bordels qui sont moins sales que votre maison…

C’est ainsi que ces querelles allaient jusqu’aux pires insultes, jusqu’aux plus ignobles menaces ; elles descendaient jusqu’au vocabulaire des filles publiques et des maisons centrales… Et puis, tout à coup cela s’apaisait… Il suffisait que M. Xavier