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— Comment ?… Il est en pierre ?… Mais, alors, ce n’est plus la même chose, ma sœur…

Et, soulagé par cette rectification, M. le Doyen respira bruyamment…

— Ah ! quelle peur j’ai eue !

Sœur Angèle se fit agressive… Sa voix siffla entre ses lèvres plus minces et plus pâles.

— Alors… tout est bien… Et vous le trouvez moins nu, sans doute, parce qu’il est en pierre ?

— Je ne dis pas cela… Mais enfin, ce n’est plus la même chose…

— Et si je vous affirmais que cet homme en pierre est plus nu que vous le croyez… qu’il montre une… un… un instrument d’impureté… une chose horrible… énorme… une chose monstrueuse qui pointe ?… Ah ! tenez, monsieur le Curé, ne me faites pas dire de saletés…

Elle se leva, en proie à une agitation violente… M. le Doyen était attéré. Cette révélation le frappait de stupeur… Ses idées se brouillaient, sa raison s’égarait en un rêve d’atroce luxure et d’abominable enfer… Il balbutia, enfantin…

— Oh, vraiment ?… Une chose énorme… qui pointe… Oui ! oui !… C’est inconcevable… Mais, c’est très vilain, ça, ma sœur… Et vous êtes certaine… bien certaine… d’avoir vu… cette chose, énorme… pointer ?… Vous ne vous trompez pas ?… Ce n’est pas une plaisanterie ?… Oh ! c’est inconcevable…

Sœur Angèle frappa le sol du pied.