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Il me tenait la taille serrée dans l’étau puissant de ses bras… Et je sentais tout son corps qui tremblait de désirs contre moi… S’il avait voulu, il m’eût prise, il m’eût étouffée, sans que je tentasse la moindre résistance. Et il continuait de me décrire son rêve :

— Un petit café bien joli… bien propre… bien reluisant… Et puis, au comptoir, derrière une grande glace, une belle femme, habillée en Alsace-Lorraine, avec un beau corsage de soie… et de larges rubans de velours… Hein, Célestine ?… Pensez à ça… J’en recauserons un de ces jours… j’en recauserons…

Je ne trouvais rien à dire… rien, rien, rien !… J’étais stupéfiée par cette chose, à laquelle je n’avais jamais songé… mais j’étais aussi, sans haine, sans horreur contre le cynisme de cet homme… Joseph répéta, de cette même bouche qui avait baisé les plaies sanglantes de la petite Claire, en me serrant avec ces mêmes mains qui avaient serré, étouffé, étranglé, assassiné la petite Claire dans le bois :

— J’en recauserons… je suis vieux… je suis laid… possible… Mais pour arranger une femme, Célestine… retenez bien ceci… il n’y en a pas un comme moi… J’en recauserons…

Pour arranger une femme !… Il en a, vraiment, de sinistres !… Est-ce une menace ?… Est-ce une promesse ?…