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La grappe humaine se replia contre le mur, derrière les gendarmes qui essayèrent de l’y écraser avec les croupes de leurs chevaux. Quelques citoyens – plus que courageux – un compagnon anarchiste, assesseur du bureau, un conseiller municipal socialiste, un étudiant révolutionnaire et aussi un adversaire loyal et indigné, nous ouvrirent un chemin au milieu des coups de canne, des ordures lancées, des crachats, par le côté gauche des allées Lafayette. Nos adversaires, mille fois plus nombreux, n’osaient pas faire face ; mais un faux pas nous aurait perdus. Après cinq cents mètres d’une marche où notre vie fut en danger à chaque pas, nous avons pu entrer au café, peu hospitalier d’ailleurs, des Américains.