aussi : « Ta Juliette, nous la connaissons… Est-ce qu’elle t’apporte un peu de l’argent qu’elle nous coûte ? » Chaque maison, chaque objet, chaque manifestation de la vie, tout me criait avec d’affreux ricanements : « Juliette ! Juliette ! » La vue des roses, chez les fleuristes, m’était une torture, et j’éprouvais des rages, rien qu’à regarder les boutiques et leurs étalages de choses provocantes. Il me semblait que Paris ne dépensait toute sa force, n’usait toute sa séduction que pour me ravir Juliette, et je souhaitais de le voir disparaître dans une catastrophe, et je regrettais les temps justiciers de la Commune, où l’on versait dans les rues le pétrole et la mort ! Je rentrai…
— Il n’est venu personne ? demandai-je au concierge.
— Personne, monsieur Mintié.
— Pas de lettre, non plus ?
— Non, monsieur Mintié.
— Vous êtes sûr qu’on n’est pas monté chez moi, pendant mon absence ?
— La clef n’a pas bougé de là, monsieur Mintié.
Je griffonnai, sur ma carte, ces mots au crayon : « Je veux te voir. »
— Portez cela rue de Balzac…
J’attendis dans la rue, impatient, nerveux ; le concierge ne tarda pas à reparaître.
— La bonne m’a dit que Madame n’était pas encore rentrée.
Il était sept heures… Je gagnai ma chambre et je m’allongeai sur le canapé.