Page:Mirbeau - Le Calvaire.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XI

Juliette m’avait choisi, dans le faubourg Saint-Honoré, tout près de la rue de Balzac, une chambre, au second étage d’un petit hôtel meublé. Les meubles étaient de guingois, les tapisseries, les tiroirs s’ouvraient en grinçant, une odeur aigre de bois suri, de poussière ancienne, imprégnait les rideaux des fenêtres et les draperies du lit ; mais elle avait su donner, en plaçant çà et là quelques bibelots, un aspect plus intime à cette pièce banale et froide où tant d’existences inconnues avaient passé sans laisser de trace aucune. Juliette avait tenu aussi à ranger elle-même mes affaires, dans l’armoire, qu’elle bourrait de paquets d’iris.

— Tu vois, mon chéri… ici les chaussettes… là les chemises de nuit… j’ai mis tes cravates dans le tiroir… tes mouchoirs sont là… J’espère qu’elle a de