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LA BARONNE HOPEN

Ah ! Byronnet, ne dites pas de vilaines choses !


MADAME BONISKA

Et tellement inconvenantes !… Byronnet, nous languissons !


BYRONNET

I begin… (Il lit.) « Tandis que les nobles convives commençaient à savourer discrètement le potage crème de laitue, la marquise regardait la table, éblouissante et parée d’argenterie auguste et de bibelots très chers. Elle la regardait, comme seules les femmes du monde regardent. Les femmes du monde ont cela de caractéristique, qu’à vrai dire, elles ne regardent pas, et qu’elles voient tout. Leur regard, c’est quelque chose d’inexprimable, et qui n’appartient qu’à elles. Ce n’est pas un regard, c’est plus qu’un regard : une mystérieuse parure morale, une sorte de diamant mentalisé, un égrènement fluide, aérien, de perles, qui seraient, en quelque sorte, des perles intellectuelles… »


Il s’arrête un instant, et, du regard, interroge la baronne Hopen et Mme Boniska.