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livres… Parfois, quand je pense, j’entrevois des choses qui viennent de très loin, et c’est bien plus beau que ce qu’il y a dans les livres…


LA MÈRE.

Repose-toi mon enfant, je t’en supplie… Ne dis plus rien… Tu vas tousser encore…


LE POITRINAIRE.

Mais, non, c’est fini… Je suis bien, je me trouve très bien… Je ne suis pas malade… Je ne veux plus que le médecin vienne ici… Chaque fois qu’il vient ici, je ne sais pas pourquoi, cela te rend toute triste… Et puis ses questions me fatiguent, ses mains m’irritent… Quand il m’ausculte, je sens sa barbe sur moi, et cela m’est insupportable… Pourquoi fait-il tout cela ?… Puisque je ne suis pas malade… Je ne veux plus qu’il vienne… As-tu remarqué comme il est toujours habillé de noir ?… On dirait qu’il porte le deuil de tous les pauvres malades qui lui demandent de guérir… Non, je ne veux plus qu’il vienne.


LA MÈRE.

Voyons, mon cher enfant, sois calme… Reste,