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— Monsieur Georges Marrieul.

— Il n’y est pas.

Rigard parut très décontenancé. Il regarda la pointe de ses bottines, les piles de journaux sur la table, le plafond bas tout enfumé, se gratta la tête, toussa.

— Ah ! murmura-t-il déçu… c’est fort ennuyeux… Et à quelle heure le trouve-t-on ?

— C’est suivant.

Il allait partir, quand revenant sur ses pas, il ajouta :

— Pourtant, M. Marrieul m’avait prié de passer ici, à cinq heures.

— Eh bien, alors, donnez votre nom ; on va voir s’il y est, grogna le garçon qui, ce disant, présenta au pauvre Rigard un petit carré de papier et une plume crasseuse, gluante, qui se tenait toute droite, plantée dans la boue noire d’un encrier.

Il fit signe à son collègue et celui-ci, après avoir replié le Temps, se leva pesamment, prit le papier, en traînant la jambe.

L’antichambre du Mouvement était pleine de monde ; il y flottait des odeurs aigres de vieux papier. Rigard remarqua deux prêtres, assis sur un divan, qui chuchotaient, en faisant des gestes bénissants et discrets. Près d’eux, une actrice des Bouffes, jolie, avec un nez drôlement retroussé et une perruque rousse, traçait,