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— Certainement ! fit l’homme… nous n’avions que le temps…

La vieille dame gémit… Une larme roula de ses paupières qui entouraient ses yeux d’un cercle rouge.

— Mon Dieu !… mon Dieu !… je ne sais pas ce que j’ai dans la tête… Tout tourne dans ma tête…

— Vous avez des lubies, belle-maman… dit l’homme gaiement… C’est des lubies que vous avez dans la tête…

Et la vieille dame gémit encore :

— Ah ! si seulement j’avais pris un bouillon, avant de partir…

— Eh bien, c’est ça ! fit la femme… Tu en prendras un à Versailles…

— Mon Dieu ! mon Dieu !… il va m’arriver quelque chose… Si j’allais mourir, en route, toute seule !… Si j’allais mourir, là-bas, toute seule !…

— Allons ! allons… ne dis pas de bêtises, maman… monte… adieu !…

— Adieu, ma fille…

Le gendre hissa la vieille dame dans le wagon, et la déposa dans un coin, comme un paquet.

— Adieu ! belle-maman.

— Adieu ! adieu ! mes enfants.

Et quand la portière fut refermée, elle fondit en larmes.