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ment au Journal… Eh bien, non !… Parlez-moi du petit père Blum !… Mais votre Alphonse Allais !… Malgré l’énormité de sa fantaisie, il a de la précision dans l’esprit, et même de l’élégance. Je ne puis pardonner à sa gaieté de n’être pas crapuleuse, de rester toujours littéraire et artiste ; d’éviter, avec un révoltant cynisme, les plaisanteries surannées, les farces scatologiques, les verves abdominales, par où se reconnaît, d’ordinaire, et se caractérise un auteur rigolo, aimé des commis voyageurs, des curés de campagne, des concierges, vaudevillistes et chroniqueurs, restés fidèles au culte vénérable de cette bonne vieille gaieté française, si déplorablement incomprise aujourd’hui. Et puis…

« Et puis, vous ne me ferez jamais accroire qu’un homme qui passe son temps à faire, dans les fiacres, avec des demoiselles de rencontre ; à boire, dans les bars, avec le Captain Cap, toute sorte de saloperies inconvenantes et poivrées, et qui l’avoue, et qui s’en vante, non, jamais vous ne me ferez accroire qu’un pareil homme puisse être renseigné comme il est sur les procédés de travail de Francisque Sarcey, et sur les mœurs du concombre fugitif, sans qu’il y ait, là-dessous, des manigances suspectes… Vous avez beau dire et beau faire, ça n’est point naturel.