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combre pour vous frotter les yeux, et revenir de la surprise où cette explosion vous a plongé… Oui, mais, pendant ce temps-là… bonsoir !… il est parti… Explosif et baladeur, tel est ce diable de concombre. Et de penser qu’il appartient à la famille, si placidement bourgeoise, si formellement sédentaire, des cornichons, voilà qui déconcerte les imaginations les plus hardies.

« Je ne sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit que votre ami Alphonse Allais n’est pas étranger à ce coup-là. On prétend qu’il a des « ramifications ténébreuses » à Granville. En outre, j’ai appris, sur son compte, des choses peu honorables, et ma foi tout à fait scandaleuses… C’est un particulier qui ne me revient pas… Il n’est point franc, là… Il n’est point à la bonne franquette, pour me servir d’une expression qu’affectionnaient nos pères… On ne sait jamais à quoi s’en tenir avec lui, si c’est sérieusement qu’il parle, quand il nous raconte ses histoires, ou s’il se paye la tête des gens… Son rire me laisse, l’esclaffement fini, une sorte d’inquiétude, — plus que de l’inquiétude, — de la terreur dans l’âme… C’est peut-être qu’il a du style, ce qui me paraît tout à fait anormal et choquant, chez un écrivain gai… J’ai lu À se tordre, Le Parapluie de l’escouade, ses autres bouquins, je le suis fidèle-