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bon muet !… Tenez, le jour de son mariage…

Mais j’interromps son histoire qui, si je la laisse aller librement, va s’augmenter de mille autres histoires et ne finira jamais.

— Tout cela, mon bon Clément, ne me dit pas quel est ce fameux contact.

— C’est vrai ! s’excuse Clément… Quand je pense à M. Quesnay et à Mlle  Germaine, ça me rappelle tant de choses !… tant de bonnes choses !… Ah ! le bon monde, Dieu de Dieu !

Et pour prouver, d’une façon irrécusable, l’excellence de ce bon monde des Quesnay, il lance, d’un mouvement enthousiaste, sa casquette dans l’allée, et s’arrache les cheveux.

— Parlez-moi du contact, mon brave Clément.

Clément ramasse sa casquette et, d’une voix plus calme, il raconte :

— Eh bien, voici… En 1854, M. Quesnay fit venir de Belgique des boutures de pétunias… À cette époque, c’était une fleur très rare… Ah ! la belle fleur !

— Heu !… Heu ! fais-je, en manière de protestation.

— Je sais que Monsieur n’aime pas les pétunias… Mais Monsieur peut me croire… En 1854, les pétunias étaient une très belle fleur.

— Soit ! Clément, continuez.