liberté individuelle, qui est, cependant, la seule raison pour quoi il soit amusant de vivre !
Souvent, je me suis posé cette question, et, malgré le remords où me laissait la constatation de mon irrémédiable déchéance, chaque fois je l’ai résolue, dans un sens affirmatif. Oui, je crois bien que je serais allé à l’oubli que donne la volupté, comme un pauvre diable se rue vers ce terrible narcotique, vers cet effrayant endormeur de la souffrance, qu’est l’alcool. Je concevais parfaitement que l’abrutissement consécutif aux violents plaisirs que j’imaginais, et les lourdes cuvées de cette saoulerie de luxures, dont la frénésie croissait en raison de leur inassouvissement, m’eussent permis d’attendre leur retour quotidien, dans l’abolition de ma vie intellectuelle.
Cette suprême ressource, qui m’était le seul lien par quoi j’eusse été retenu à ma femme, puisque celle-ci avait tranché, volontairement, tous les autres, me fut interdite. Non que Jeanne me refusât ce que les juristes, dans leur langage odieux et comique, appellent « le devoir conjugal », et ce que j’appelle, moi, « le devoir humain », délit caractérisé dont j’aurais pu me prévaloir devant la loi. Elle n’en partagea jamais les ivresses, ce qui est pire. Jamais, à un seul moment, je n’eus la joie de voir, de