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consacrer, sans contrôle, son suprême pouvoir, surtout pour maintenir l’homme servilisé, que d’instituer ce mécanisme admirable de crétinisation : la famille.

Tout être, à peu près bien constitué, naît avec des facultés dominantes, des forces individuelles, qui correspondent exactement à un besoin ou à un agrément de la vie. Au lieu de veiller à leur développement, dans un sens normal, la famille a bien vite fait de les déprimer et de les anéantir. Elle ne produit que des déclassés, des révoltés, des déséquilibrés, des malheureux, en les rejetant, avec un merveilleux instinct, hors de leur sein ; en leur imposant, de par son autorité légale, des goûts, des fonctions, des actions qui ne sont pas les leurs, et qui deviennent, non plus une joie, ce qu’ils devraient être, mais un intolérable supplice. Combien rencontrez-vous, dans la vie, de gens réellement adéquats à eux-mêmes ?

J’avais un amour, une passion de la nature bien rares chez un enfant de mon âge. Et n’était-ce point là un signe d’élection ? Oh ! que je me le suis souvent demandé ! Tout m’intéressait en elle, tout m’intriguait. Combien de fois suis-je resté, des heures entières, devant une fleur, cherchant, en d’obscurs et vagues tâtonnements, le secret, le mystère de sa vie ! J’observais les araignées, les fourmis, les abeilles,