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— C’est comme le cheval, la voiture… je vous demande un peu… qu’avons-nous besoin de cela ?… Nous ne sortons presque jamais… Je crois que nous pourrions les vendre… C’est cela qui ferait une fameuse économie !

M. Pasquain objecta d’un ton irrité :

— Mais, sapristi ! on ne peut pourtant pas tout vendre !… Nous n’avons pas acheté cette maison pour nous priver de tout ce qui nous fait plaisir…

Le lendemain, ce fut encore plus terrible. Et quand elle eut déclaré :

— Nous renverrons les domestiques… Les enfants feront le ménage, moi la cuisine… Nous prendrons une femme de journée pour les gros travaux… tout le monde sursauta. Monsieur Pasquain intervint, très ferme, très digne :

— Comment ! toi-même tu disais que tu ne pourrais jamais entretenir la maison avec ton monde… C’est de la folie !… Et le jardin ? Y penses-tu, au jardin ?… Moi, tu sais, je tiens à mes légumes, à mes arbres, à mes fruits !

— Tes fruits !… Ah ! tu fais bien d’en parler… Nous avons eu vingt poires, cette année… Je n’ai même pas pu faire de la gelée de pommes, avec tes fruits ! Non, non, plus de gaspillage, plus d’encombrement… Nous n’avons pas de millions, nous autres… Tu agiras, avec