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à la justice et traitent de pouvoir à pouvoir avec la loi ! Ce n’est pas assez ! Par une effarante perversion du sens patriotique, ils sont protégés, défendus, acclamés, au nom de la patrie… Ils reçoivent l’accolade des princes ; des écrivains, des poètes, des artistes, des philosophes, de hauts fonctionnaires, des bâtonniers fraternisent avec eux. Ce n’est pas tout ! Aux faussaires glorifiés on dresse des statues. On leur souscrit des épées d’honneur, des rentes sur l’État, des remerciements nationaux. L’armée leur fait un triple rempart de ses fusils, de ses canons, de ses drapeaux. L’Église les exalte et, en quelque sorte, les béatifie. Le faussaire est un