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— Ce serait bien à désirer pour lui ! Mais l’abbé Jules n’est pas un homme à ça !… S’il est changé, il est changé en pire, voilà mon sentiment… Et, peut-être faudra-t-il que nous le nourrissions, par-dessus le marché !… Paris, c’est si grand, si tentant !… Il s’y passe tant de drôles de choses, et il y a de si vilaines gens !

— Le luxe !… le luxe ! s’exclama M. Robin… À Taris c’est le luxe qui terd le monde !… On ne sait tlus quoi inventer tour faire détenser de l’argent… Ainsi, chez le sénateur, dans le vestidule, figurez-vous qu’il y a deux nègres en dronze trois fois grands comme moi, et qui tortent des flamdeaux dorés !… C’est incroyadle !… Le soir, ça s’allume !… J’ai vu cela, moi !

— Moi, risqua mon père, un soir, au théâtre, on m’a montré George Sand… Eh bien ! elle était habillée en homme !… Je crois que Jules devait, lui aussi, s’habiller en homme !… Il n’a pas dû user beaucoup de soutanes, allez !… Mais, pour ce qui est de George Sand, on voyait très bien que c’était une femme… On le voyait même trop.

— L’horreur ! fit avec dégoût Mme Robin, qui détourna la tête et balança la main, comme si elle eût chassé loin d’elle une mouche importune.

Mon père allait entrer dans des détails descriptifs et gaillards ; ma mère l’arrêta, en me désignant d’un coup d’œil bref, car, dès qu’il ne s’agissait plus de médecine, on était très sévère, devant moi, sur le choix des mots.

La conversation continua sur l’abbé Jules, et mon