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C’est un p’tit chat tout rond
Lari ron
C’est un p’tit chat tout rond.


Dès lors, il me fut interdit de rester dans la chambre. Je m’installai, moi aussi, dans le couloir, avec le cousin Debray qui ne m’adressa pas une seule fois la parole. Le cousin rôdait d’un bout à l’autre du couloir, les mains derrière le dos, l’air préoccupé, mécontent, trouvant sans doute que l’agonie se prolongeait au-delà de toute convenance. Il était fatigué et sale. Lui, si propre d’habitude, avait ses vêtements couverts de poussière, la barbe trop longue, un foulard noir roulé en corde autour de son cou. Quelquefois il entrait dans la bibliothèque, où je l’entendais taper sur des livres, puis il s’en revenait s’asseoir sur le grand fauteuil, maugréait, mâchonnait sous sa moustache des mots que je ne comprenais pas.

Dans la chambre, les accès se succédèrent rapides… terribles. À travers la cloison m’arrivaient des cris forcenés, des cris étouffés, des râles, des gémissements ; c’étaient aussi des bruits de lutte, des craquements de sommier, des vacillations de meubles, quelque chose de vague et d’angoissant qui me donnait l’impression d’un assassinat. De temps en temps, la voix de mon père, suppliait :

— Voyons, Jules, mon ami, calme-toi !

De temps en temps, la voix de Jules, hurlait :

— Viens ici !… Ah ! la putain !… qu’on la fouette !

Le curé Blanchard accourut, resta une demi-heure,