Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est une bonne farce !… Et tra la la !… Et tra la la ! Mon Dieu ! que je m’amuse !

Après un mois d’absence, un soir, enfin, l’évêque, furtivement, rentra chez lui. Blâmé par le ministère, blâmé par Rome, il n’avait tenu de conserver son poste qu’à l’ingénuité de sa défense, et aux accents touchants de son repentir ; il avait même dû écrire une lettre, rendue publique, où il regrettait ses erreurs, s’humiliait, demandait pardon. Quand il eut congédié le grand vicaire et le personnel de l’évêché, venus pour saluer son retour, il dit à Jules, simplement, d’une voix très douce :

— Il faudra, monsieur l’abbé, que nous soyons plus sages, à l’avenir… beaucoup plus sages !… Je l’ai promis.

Mais quand il vit le vieillard si courbé, si amaigri, si méconnaissable, qui ne lui adressait aucun reproche, et dont les yeux semblaient porter vers lui la douceur triste d’une prière, l’abbé éprouva, au cœur, un serrement violent. Et, tout d’un coup, il se jeta à ses pieds, sanglotant :

— Pardon !… C’est moi !… Monseigneur… moi !…

— Allons, allons ! mon cher enfant, consola l’évêque, sur la joue pâle duquel roulaient deux grosses larmes. Allons, c’est fini, maintenant… Ne pleurez pas !… C’est passé !…


Six mois s’écoulèrent. Il n’était plus question du mandement. L’évêché avait retrouvé son calme et