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Ça, c’est vrai, je n’ai pas pu m’empêcher de dire à Monsieur ce que je pensais là-dessus… Des chênes pareils, et si beaux !… (Encore un petit silence.) Je sais bien que je n’ai pas d’instruction… Pourtant, je connais mon métier, et je l’aime, nom d’une pipe !… Mademoiselle était contente de moi, elle ?

Germaine. — Si j’étais contente de vous ?… vous le savez bien, mon pauvre Victor !

Le Jardinier. — Le petit jardin des clématites…

Germaine. — Ah ! oui ! Il était très joli…

Le Jardinier. — Et le fleuriste ?

Germaine. — Oui ! oui !

Le Jardinier. — Et la roseraie ?

Germaine. — Oui !… oui !… Vous m’aviez appris à écussonner les rosiers…

Le Jardinier. — Et vous, Mademoiselle, vous m’aviez appris à faire des bouquets !… Et tous nos beaux semis de delphiniums !

Germaine. — Oui ! oui !…

Le Jardinier. — C’était du bon travail !… On s’amusait !…

Germaine. — Oui !… oui !

Le Jardinier. — Dieu sait, pourtant si c’était commode !… Car Monsieur était chiche de fumier pour le jardin, de terreau et de charbon pour la serre… On s’arrangeait comme on pouvait… Enfin, voilà !

Germaine. — Vous êtes un brave homme !…