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II


Germaine.
Le Jardinier.


Sur la terrasse du château… Germaine se promène le long des plates-bandes, un sécateur à la main… De temps en temps, elle s’arrête devant un rosier, dont elle coupe les roses mortes et fanées. Comme d’habitude, elle est grave, triste et songeuse. Le jour d’automne est calme et somptueux ; le soleil, déjà bas, dore les grands arbres du parc, magnifiquement.
Arrive le jardinier… Il est vêtu de ses habits du dimanche… Timidement, il s’approche de Germaine, embarrassé et tournant, d’un geste gauche, son chapeau dans ses mains. Couchés sur les marches du perron, trois énormes chiens danois dorment… On entend le bruit d’un râteau, sur le sable d’une allée, au loin.


Germaine, elle observe le jardinier. — Eh ! bien, Victor, comme vous voilà beau !… Vous êtes donc de noce, aujourd’hui ?

Le Jardinier. — De noce !… Ah ! mademoiselle Germaine !… C’est bien le contraire, allez !

Germaine. — Que se passe-t-il ?… Il vous arrive