Germaine. — Je ne rêve pas.
Mme Naturel, elle regarde Germaine. — Tu ne rêves pas, tu ne lis pas, tu ne travailles pas… tu ne parles pas. Qu’est-ce que tu fais, alors ?
Germaine. — Je m’ennuie.
Mme Naturel, elle hausse les épaules. — Eh bien… écoute-moi… cela te distraira… Je suis très inquiète… Avec sa manie d’inviter tous les gens qu’il rencontre, qu’est-ce que ton père va encore nous ramener de Paris, aujourd’hui ?
Germaine. — Est-ce que je sais, moi ? Comment veux-tu que je le sache ?
Mme Naturel. — Il aurait pu te le dire.
Germaine. — Mon père ne me dit jamais rien…
Mme Naturel. — Dame !… Tu as aussi une façon de le rabrouer !
Germaine. — Et puis, mon père sait-il jamais, à dix heures, le matin, ce qu’il fera, le soir, à six heures ?
Mme Naturel. — Ça, c’est vrai ! (Un petit silence.) Pourvu, mon Dieu, qu’il ne nous ramène pas cinq ou six personnes, comme l’autre jour… Quand il se met à inviter, il ne s’arrête plus… et toujours des gens qu’on ne connaît pas… Et c’est samedi, aujourd’hui… C’est-à-dire qu’il faudra coucher toutes ces personnes-là… et leur prêter des chemises de nuit… Ah ! quelle affaire ! (Elle soupire.) Et nous avons un tout petit dîner, ce soir, les restes d’hier… (Sur un mouvement de Germaine.) Oui… oui… moque-toi de ces