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Dumoulin. — Des bêtises !

Le Grand Écrivain. — Précise… je t’en prie !

Dumoulin. — Que tu étais un snob… une canaille… que tu n’avais aucun talent… des choses comme ça !

Le Grand Écrivain. — Charmant !

Dumoulin. — Je le prie de se taire… parce que… moi… tu sais… les amis… Il redouble… je lui flanque une gifle !… (Un petit silence.) Nous nous battons tantôt à l’épée… Alors… je ne sais pas pourquoi… j’ai voulu te voir, ce matin… pour te voir seulement, mon vieux !…

Le Grand Écrivain, très froid. — C’est très gentil à toi, mon cher René, de prendre ma défense… et je t’en remercie… Seulement tu aurais dû savoir — et à défaut de le savoir — tu aurais dû sentir qu’il n’y a rien que je déteste autant comme d’être mêlé… même indirectement à des histoires de duel…

Dumoulin, gêné. — On t’attaquait… je croyais…

Le Grand Écrivain. — Tu me mets dans une situation ridicule… un peu ridicule !… Ah !… je n’aime pas ça !… je n’aime pas ça !… (Un temps.) Mon Dieu… des aventures de femmes… de femmes du monde… passe encore !… Mais des rixes de journalistes… des affaires de littérature !… Ah ! non… non… je n’aime pas ça, du tout !…

Dumoulin, piteux. — Alors… j’ai commis une gaffe ?