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nent intellectuelles que lorsqu’elles n’ont plus de dents, plus de cheveux, plus rien !… Oh ! que Monsieur est jeune, pour un grand homme !… Que Monsieur est naïf, pour un psychologue !…

L’illustre Écrivain. — Enfin, ce n’est pas un parfum de vieille femme. Hume-le un peu !… Il y a de la jeunesse dans ce parfum, il y a de l’enthousiasme… il y a… (Étalant les lettres sous les yeux du valet de chambre.) Et cette écriture, preste… leste… agile… et voluptueuse… Voyons, toi qui te piques de graphologie… est-ce l’écriture d’une femme qui… aurait aimé Voltaire ?

Le Valet de chambre. — Ah ! si Monsieur s’en rapporte au parfum et à l’écriture !

L’illustre Écrivain. — Et ces déclarations ardentes… ces phrases enflammées !

Le Valet de chambre. — Enfin, ce que j’en dis, ce n’est pas pour décourager Monsieur… c’est pour l’avertir… le mettre en garde contre une surprise possible… probable !… voilà tout… Ce n’est pas moi qui coucherai avec cette dame, n’est-ce pas ?… Du reste…

Il fait un geste mystérieux.

L’illustre Écrivain. — Du reste… quoi ?…

Le Valet de chambre. — Du reste… les vieilles femmes ont quelquefois du bon. Il ne faut pas les dédaigner !… Elles ont de l’expérience… ce