Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/25

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’illustre Écrivain. — Oui… c’est peut-être mieux !… Essayons… je dicte : « … Avec ses cristaux à facettes et ses très anciennes argenteries… la table… était… un éblouissement ! »

Le Valet de chambre. — … « É… blou… issement.. Eh bien, mais !… voilà !… ça peint !… ça évoque !… et l’on voit tout de suite que l’on n’est pas chez des mufles !

L’illustre Écrivain. — Continuons… y es-tu ?… « Courant sur des fils invisibles, de pâles orchidées… »

Le Valet de chambre. — « Orchidées… » Monsieur tient beaucoup à… « pâles orchidées ?… »

L’illustre Écrivain. — Mon Dieu !… « Pâles »… n’est pas mal… «  pâles » est un très joli mot… un mot très mondain !

Le Valet de chambre. — Monsieur n’aimerait pas « … de mauves orchidées » ?

L’illustre Écrivain, après avoir réfléchi. — En effet… c’est plus précis… plus décoratif… et plus élégant… « … courant sur des fils invisibles… de mauves orchidées… » Je reprends… « … de mauves orchidées… étalaient… »

Le Valet de chambre. — Étalaient… étalaient !… Voilà, Monsieur, un terme fort impropre… Des choses qui courent n’étalent pas… Elles détalent, tout au plus.

L’illustre Écrivain. — « … de mauves orchidées détalaient… »

Le Valet de chambre. — Oh ! Monsieur a pris