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Lorsque le commissaire se fut enfin rendu compte et du meurtre de la vieille, et de la disposition des lieux, il ordonna aux curieux de se retirer chacun chez soi… Puis, s’adressant au camelot, qui lui soufflait dans le dos je ne sais quelles dénonciations :

— Qu’est-ce que vous foutez ici, vous ? Allez-vous-en !…

Mais le camelot résistait :

— Puisque je l’ai vu, monsieur le commissaire ! Ma présence ici est indispensable. Je suis le seul témoin !… Puisque j’ai tout vu.

— Comment vous appelez-vous ?

— Isidore Borgne, monsieur le commissaire.

— Hum ! Hum !… Et qu’est-ce que vous faites ?

— Je suis camelot…

— Ah ! ah !… Qu’est-ce que vous faites, nom de Dieu ?

— Je vends des plans de Paris…

— C’est bien !… Foutez-moi la paix, maintenant… Et si j’ai besoin de vous… je vous ferai appeler…

— Mais, monsieur le commissaire !…

Le brave commissaire se fâcha, devant cette insistance, et appelant un agent :

— Empoignez-moi ce lascar-là, ordonna-t-il… Et surveillez-le !…

Le camelot protesta pour la forme :

— Je suis un bon citoyen, moi… Ça ne se passera pas comme ça !…