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Qu’est-ce qu’il est venu faire ici ?… Pourquoi est-il ici ?…

— C’est vrai !… C’est vrai !…

Ensuite, on parla de la vieille, de ses vertus, de sa bonté ; on vanta sa vie pauvre et résignée… C’était une sainte… Pour tuer une pareille femme, il ne fallait pas avoir de cœur !… Il fallait avoir l’âme bien criminelle !… Quelques-uns pleurèrent…

Combien de temps cette scène dura-t-elle ? Je n’en sais rien. Il arriva que je n’entendis plus rien… J’étais engourdi… J’avais comme un immense besoin de dormir… Et lorsque le commissaire de police entra, suivi de plusieurs agents, mon esprit était bien loin de l’hôtel, du camelot, du cadavre… Mon esprit était revenu au pays, là-bas, à M. Narcisse, à ma mère, à mes longues stations contre les vitres de ma chambre…

— Comment vous appelez-vous ?… me demanda le commissaire.

— Je ne sais pas… je ne sais pas !… répondis-je.

— Vous ne voulez pas dire comment vous vous appelez ?…

— Je ne sais pas !…

Le commissaire grogna :

— C’est bien !… Hum !…

Puis il me laissa sous la garde des agents, il examina le cadavre, inspecta la chambre du crime, puis la mienne, toujours suivi du camelot