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III


Le cabinet de l’illustre écrivain… Meubles anglais… toujours. L’Illustre écrivain, en élégante tenue de chambre, arpente la pièce, très recueilli, très grave. Joseph est assis devant un bureau, la plume à la main.


L’illustre Écrivain. — Où en étions-nous ?… Ah ! oui… (Dictant.) « La table resplendissait… »

Le Valet de chambre. — « Res… plen… dissait. » (Il pose la plume.) Je ferai remarquer à Monsieur que, dix lignes plus haut, nous avons… déjà… un… « resplendissait »…

L’illustre Écrivain. — Tu es sûr ?…

Le Valet de chambre. — Monsieur ne se souvient plus ?… Nous avons… « les épaules de la marquise resplendissaient »…

L’illustre Écrivain. — Diable !… C’est vrai !… Pas de répétition !… Voyons, voyons… (Il cherche.) Que le style est donc difficile !…

Le Valet de chambre. — Si Monsieur mettait tout simplement : « … Splendissait… La table splendissait ? » C’est plus court, plus neuf,