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l’a ou on ne l’a pas !… Monsieur l’a, lui !… D’abord, monsieur a tout !…

L’illustre Écrivain. — Tu exagères…

Le Valet de chambre. — J’exagère !… Quand monsieur nous plante un adultère… ce n’est pas monsieur qui donnerait à son héros… un caleçon saumon… comme M. Byronnet… (Il fait de grands gestes.) Un caleçon saumon !… Mais c’est énorme !…

L’illustre Écrivain. — Ah ! ce caleçon saumon !… Le fait est que ce fut plutôt malheureux !

Le Valet de chambre. — Ça n’a été qu’un cri dans le monde de la psychologie !… Monsieur se rappelle ?…

L’illustre Écrivain. — Oh ! Oui !… Quelle hérésie !… Ce pauvre Byronnet !…

Le Valet de chambre. — Alors, monsieur doit comprendre… Si c’est pour m’évoquer un amant, en caleçon saumon, que M. Byronnet possède tant d’éclat, de force, de don d’évocation… Eh bien, non !… J’ai le regret de le dire à monsieur… mais cet éclat… cette force… ce don d’évocation… je m’en fous.

L’illustre Écrivain. — Voyons… Joseph… voyons !…

Le Valet de chambre. — Je m’en fous… je m’en fous !… Monsieur connaît ma franchise… Monsieur sait que je suis incapable de dire autre que ce que je pense… Eh bien, dire du don d’évocation de M. Byronnet que « je m’en