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faire de tort !… Aussi… hein !… ce pauvre Byronnet qui a tant de talent…

Le Valet de chambre. — Monsieur trouve ?

L’illustre Écrivain. — Certainement, je trouve… Pas le talent que nous aimons… que nous préférons… parbleu ! Enfin du talent, tout de même !… (Moue du valet de chambre.) Il a l’éclat… la force… le don d’évocation.

Le Valet de chambre. — Je ne dis pas non… mais aucune psychologie !… Et tout est là ! Monsieur sait bien que tout est là !…

L’illustre Écrivain. — Ah ! Dame !

Le Valet de chambre. — Monsieur reconnaîtra bien avec moi que M. Byronnet ne sait pas habiller ses personnages… ni même les déshabiller… Ça, il ne s’en doute pas… ce cher monsieur !

L’illustre Écrivain. — C’est vrai !… C’est ce qui l’a perdu !… Byronnet n’a pas ce que j’appelle « le sens de la cravate ».

Le Valet de chambre. — Ni le sens de la chaussette… ni le sens du pantalon… par conséquent ni le sens de la vie !… M. Byronnet n’a le sens de rien !

L’illustre Écrivain. — Est-ce drôle que lancé, comme il l’est, dans du monde chic… très chic… il n’ait jamais pu apprendre ça !

Le Valet de chambre. — Ce que monsieur appelle si pittoresquement, et si justement, le sens de la cravate… Ça ne s’apprend pas !… On