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— Regardez-moi… Il y a, là-bas, un être innocent de tout ce dont je l’accusai… et qui a subi les pires tortures, et qui a connu, dans son cœur et dans sa chair, tout ce que le monde contient d’atroces supplices !… Et c’est moi qui ai pris ce malheureux, qui l’ai enlevé aux siens, à lui-même, et qui l’ai muré vivant, comme un secret de meurtre, dans le tombeau !… Oui, j’ai fait cela !… Regardez-moi !… Je suis Mercier le Faussaire, Mercier l’Assassin, Mercier le Bourreau, le plus odieux des bourreaux, le plus lâche des assassins !… Et je n’ai pas de remords !… Cet attentat horrible,