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qu’il recule devant le meurtre, quand il y trouve un intérêt, ou une distraction ? Au nom de quel droit la société condamne-t-elle des assassins qui n’ont fait, en réalité, que se conformer aux lois homicides qu’elle édicte, et suivre les exemples sanglants qu’elle leur donne ?… « Comment, pourraient dire les assassins, un jour, vous nous obligez à assommer un tas de gens contre lesquels nous n’avons pas de haine, que nous ne connaissons même pas ; plus nous les assommons, plus vous nous comblez d’honneurs et de récompenses. Un autre jour, confiants dans votre logique, nous supprimons des êtres qui nous gênent et parce que nous les détestons, parce que nous désirons leur place, leur argent, leur femme ; toutes raisons précises,