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fera respecter que les héros, ces dégoûtantes brutes chargées de crimes et toutes rouges de sang. Les vertus par où il s’élèvera au-dessus des autres, et qui lui valent la gloire, la fortune, l’amour, s’appuieront uniquement sur le meurtre. Il trouvera dans la guerre la suprême synthèse de l’éternelle et universelle folie du meurtre, du meurtre régularisé, enrégimenté, obligatoire, et qui est une fonction nationale… Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, toujours il verra le mot meurtre immortellement écrit au fronton de ce vaste abattoir qu’est l’humanité… Alors, cet homme à qui, dès l’enfance, l’on inculque le mépris de la vie humaine, que l’on voue à l’assassinat légal, pourquoi voudrait-on