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— Le terrible, c’est que cette tare originelle du meurtre, l’éducation la développe, au lieu de la guérir, les religions la sanctifient au lieu de la maudire. Tout se coalise pour faire du meurtre le pivot sur lequel tourne notre admirable société. Dès que l’homme s’éveille à la conscience, on lui insuffle l’esprit du meurtre dans le cerveau. Le meurtre, grandi jusqu’au devoir, popularisé jusqu’à l’héroïsme, l’accompagnera dans toutes les étapes de son existence. On lui fera adorer des Dieux baroques, des Dieux fous furieux qui ne se plaisent qu’aux cataclysmes et, maniaques de férocité, se gorgent de vies humaines, fauchent les peuples comme des champs de blé. On ne lui