Page:Mirbeau - À un prolétaire, paru dans L’Aurore, 08 août 1898.djvu/5

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ceux-là, enfin, un méprisable idéal de littérateur où tu ne comptes pour rien, où tu n’es qu’un décor illusoire. Est-ce qu’ils te défendent, toi ?… Est-ce qu’ils te connaissent seulement ? Quand, misérable et anonyme soldat, tu pourrissais dans les silos d’Afrique, quand, pour un mot, pour un geste, pour rien, on te traînait devant les conseils de guerre, et qu’on te ligotait au poteau, est-ce qu’ils ont protesté ?… Quand on te pourchassait et qu’on te tuait à Montceau-les-Mines et à Fourmies, où étaient-ils donc ?… Ils t’ignorent… Fais comme eux… Ignore-les aussi… Et passe ton chemin !

Et tu n’as pas songé en toi-même :